2001-2003: Les années pourpres

Entre-temps, Spirou a rejoint le navire, ainsi stabilisé sous la formule d’un duo. Paris Violence ayant toujours été, grâce à cette technique d’auto-enregistrement permanent, une entreprise extrêmement prolixe, de nombreux morceaux inédits en chantier sont toujours disponibles. C’est alors plus particulièrement le cas pour quelques morceaux enregistrés en même temps que l’album mais destinés à une éventuelle production distincte, et auxquels a participé Daniel, guitariste virtuose et ami de longue date retrouvé un peu par hasard, dont les solos très techniques apportent des tonalités plus métal à l’ensemble. Spirou récupère les bandes enregistrées par Flav en 8 pistes, et décide de travailler à partir d’elles sur du matériel cette fois réellement professionnel: c’est ainsi que Ni Fleurs ni Couronnes aura été réalisé pour moitié artisanalement et pour moitié en studio. La qualité du son, le jeu et les arrangements de Spirou, le passage intérimaire de Daniel font de ce 25 cm 7 titres une œuvre qui tranche sur les précédentes, et qui n’a déjà plus guère à voir avec l’album dont la sortie est presque contemporaine: car c’est dès juillet 2001 que l’édition picture disc est disponible, l’édition courante devant attendre l’hiver. Hiver où sortira également la version CD de L’Age de Glace (Trauma Social / Rural Musik / Islika Productions), puis à l’été, la compilation 45 tours Demain plus rien.
En juin 2002 sort Cauchemar Abyssal, quatrième EP du groupe et, sans doute, le plus abouti pour l’heure. Tout est désormais conçu en studio, y compris la basse (basse manuelle et non plus basse synthétique ou programmée) à laquelle s’attelle Spirou. La qualité de la production n’a donc plus de commune mesure avec l’époque des premiers disques. De nouveaux horizons s’ouvrent, aussi bien musicaux (nouveau son) que thématiques (diversification des sujets des textes, tout en gardant le cachet P.V.) ou esthétiques (pochette assez éloignée des habitudes du genre).
Dans la foulée, Flav enregistre la maquette d’En attendant l’Apocalypse, que le groupe enregistre l’hiver suivant. L’artwork bénéficie d’une attention plus grande encore qu’avant, avec le concours du peintre Alexis Bert qui exécute pour l’occasion une superbe pochette. La qualité du son, la richesse des arrangements en font une œuvre professionnelle, qui obtient enfin d’accéder à la « grande » distribution. Quant à l’atmosphère générale du disque, elle se situe dans la lignée des Décadents de la fin du XIXème siècle : esthétisme, dandysme, attirance du macabre et du bizarre, ambiance de pourpre et d’opium. Le disque connaîtra immédiatement un grand succès débordant largement le microcosme punk, avec des ventes plus qu’appréciables.